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Souldigg, chercheur d'âmes

Mourir à soi pour renaître

27 Juin 2008, 11:12am

Publié par Souldigg


Une phrase en rapport avec l'âme, sujet qui irrigue mes pensées et ce blog
ces temps-ci m'a été adressée par un frère de Bretagne. Elle m'a poussé à écrire cet article. 

"La graine qui meurt en terre
élève sa tige comme une flamme.

L'homme qui meurt à son égo
donne naissance à son âme"

Cette phrase a fait écho à un hadith extrait de la Sunna (recueil de paroles et d'actes du prophète Muhammad, compilés par la tradition musulmane) que m'a relaté un ami musulman :

Alors qu'il était entouré de ses fidèles, le prophète leur dit "Mourrez avant de mourir".

Je ne me souviens pas exactement des propos de cet ami musulman qui me parlait du travail à engager sur soi pour se créer spirituel, mais j'en ai retenu ceci : la plupart des personnes réunies autours du prophète ce jour là, furent interloqués. Muhammad expliqua qu'il leur fallait tuer leur égo avant de mourir et que c'est à ce prix qu'ils deviendraient de vrais musulmans. Lues sous cet angle, les paroles les plus combatives du Coran qui appellent à la guerre sainte et valorisent le martyre, prennent une toute autre dimension que l'interprétation, étroite et militaire, qu'en a fait l'islam radical d'aujourd'hui.

Dans toutes les traditions religieuses, philosophiques ou spirituelles, on retrouve cet appel à dépasser son égo, à s'anéantir dans l'humilité la plus totale pour retrouver la vraie vie. La Révélation d'Arès (qui appelle à se défaire et à dépasser tout esprit de religion) le dit aussi à sa manière mais, et ce n'est pas le moindre de ses paradoxes, elle le fait en exaltant l'individualité créatrice et la liberté humaine. C'est un point sur lequel ma nature libertaire et individualiste a souvent achoppé mais que je ressens comme profondément vrai. Je sens bien que dans cet anéantissement de soi, il y a la découverte du Tout-Autre. Que dans l'abandon de ses propres préjugés, il y a la condition de l'amour véritable. Que dans le dépassement de sa propre culture, il y a la libération d'une énergie formidable. Que dans la fait de lacher prise sur sa volonté d'avoir et de vivre pour soi seul, il y a la venue de toute l'humanité en soi. Que l'individualité se trouve même couronnée dans cette tension et cette abnégation du n'être plus rien pour soi-même (Révélation d'Arès 40/6). Quand ma consience a assez de force pour se hisser et se tenir en éveil, ne serait-ce que l'instant d'un regard, face à cette limite ultime de l'abandon de soi, je me sens traversé par les remous d'une Mer immense. Je repense alors à cette phrase du frère Michel, témoin de la Révélation d'Arès : "le vrai moi est du dehors".


Une goutte de cette Mer immense
remplirait mon coeur de bonheur, si j'étais seulement capable de me tenir à flot plus d'un instant. Mais à peine ai-je hissé la tête hors de l'eau que je retombe dans mes abysses chaotiques. D'où vient donc ma résistance, autant consciente qu'inconsciente, à rejoindre ces eaux vivifiantes ? Sans cesse je me crispe sur la peur de perdre mon petit précarré "d'humanité". Je crains de me dissoudre dans un je-ne sais-quoi qui représente pourtant toute l'espérance d'une vie et d'un monde changé. J'aspire autant que je redoute à gagner ces Hauteurs. Contradiction que j'imagine être celle de tout homme vivant dans ce monde schizophrène. Je souffre d'être plongé dans ces ténébres bardés de structures sans vie mais je rugis, je peste et je rechigne même à faire les efforts qu'il faut pour libérer mon regard des murs qui obstruent l'eau et la lumière. Comme toutes les taupes de mon espèce, c'est ma faiblesse qui me fait refuser l'alliance de l'aigle (23/2).





C'est pourquoi je me rends à Arès chaque été depuis près de 15 ans maintenant : pour raviver et vivifer mon ardeur à vaincre mes réticences, mes peurs, ma lacheté. Pour faire un bilan sur tout ce que j'ai engagé l'année passée et recentrer mon être et mes projets futurs dans la direction de certitude. Choix de vie, mais aussi projets de mission, thèmes de réflexion... C'est toute la tension de mon être que je décline ainsi, dans un seul but : remodeler mon existence, la faire coïncider avec le grand Dessein du Père. Le pèlerinage, vu sous cet angle, est avant tout une veillée d'armes mais en l'absence de véritable dynamique collective concertée chez les pèlerins d'Arès (ce mouvement est jeune et n'a pas encore pris la mesure de son rôle historique), il demeure éminemment solitaire.

Le pèlerinage est aussi un moment privilégié de paix et de profondeur spirituelles. Me retrouver loin des soucis et du bruit du monde est un bonheur que je ne vis pas sans éprouver une certaine angoisse cependant. Se retrouver seul face à son créateur en préfiguration de ce que je vivrai au jour de ma mort, me fait toujours trembler d'émotion. Il me faut plusieurs jours d'acclimatation pour apaiser mes tensions, vaincre mes élans rebelles et me rendre sereinement en toute humilité dans ce Saint Lieu où Dieu est apparu et où il demeure présent. "Je suis ici. Tu y viens, les frères y viennent." (XLI/1-2). Présent d'une présence invisible et muette, mais qui se fait force, pensée et lumière pour le pèlerin pénitent. "La lèvre prend le feu dans Ma Main" (XLI/3). A Arès plus qu'ailleurs, je viens chercher réponse à mes questions, force pour m'équilibrer et m'éléver. Au corps à corps avec moi-même et le monde toute l'année, Arès est le lieu où je peux prendre de la hauteur, décoller le nez de la vitre des médias et libérer mon attention de l'agitation du monde pour sonder mes profondeurs et sceller dans la paix, une alliance (23/2) avec le Père.



Souldigg

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